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La crise des compétences en Afrique du Sud n’est pas une pénurie de personnel, c’est une défaillance des systèmes

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L’Afrique du Sud est confrontée à une crise systémique des compétences, et pas seulement à un manque de personnel. Les systèmes d’éducation et de formation actuels ne permettent pas de développer les compétences dont les entreprises ont besoin, tandis que les politiques visant à attirer les talents internationaux sont dépassées. Ce problème est exacerbé par les progrès technologiques rapides à l’échelle mondiale, en particulier dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, les mégadonnées, la cybersécurité et l’alphabétisation numérique, qui accroissent rapidement la demande pour ces compétences sur le marché du travail sud-africain, comme l’a souligné le Forum économique mondial. Rapport sur l’avenir de l’emploi 2025.

Ingénierie, TIC et soins de santé : là où la crise est la plus grave

Les employeurs signalent systématiquement une pénurie d’ingénieurs dans diverses disciplines. Les données Xpatweb indiquent une augmentation significative du nombre d’entreprises ayant du mal à embaucher des ingénieurs, passant de 23 % en 2024 à 38 % en 2025. Cette pénurie couvre le génie civil, mécanique, électrique et minier, entraînant des retards dans les projets, une stagnation des investissements en capital et une augmentation des dépenses des entrepreneurs.

L’Afrique du Sud est confrontée à une pénurie critique de spécialistes des TIC, les employeurs signalant une augmentation significative de la demande, passant de 14 % en 2024 à 22 % en 2025. Cette pénurie s’étend à des rôles cruciaux tels que les data scientists, les ingénieurs logiciels et les experts en cybersécurité, qui sont essentiels à la transformation numérique. La capacité nationale limitée du pays dans ces domaines l’expose au risque d’être exclu de la révolution technologique en cours.

Le secteur de la santé est confronté à des pénuries tout aussi graves. Le départ d’infirmières, de médecins et de spécialistes a aggravé une situation déjà critique, notamment dans le secteur des soins de santé publics et ruraux. Cette « fuite des cerveaux » non seulement réduit les effectifs, mais prive également les institutions d’une expertise précieuse et d’une mémoire institutionnelle, compromettant ainsi la qualité des soins et une planification efficace des effectifs.

Pourquoi le paradoxe persiste

Le décalage entre la demande des employeurs et le vivier de talents disponibles est dû à trois échecs systémiques. Premièrement, il existe une inadéquation importante des compétences, les demandeurs d’emploi ne possédant souvent pas les compétences pratiques et employables dont les employeurs ont besoin. Ce problème est aggravé par la faiblesse de l’éducation de base, en particulier dans des domaines critiques tels que les mathématiques, les sciences et la culture numérique, qui limite finalement l’accès aux professions techniques.

Le système professionnel sud-africain est actuellement sous-développé et offre des possibilités limitées d’apprentissage, d’apprentissage et de programmes techniques intégrés au travail. Il en résulte que les diplômés possèdent des connaissances théoriques mais manquent de compétences pratiques suffisantes. En outre, les cadres politiques et réglementaires, tels que la liste nationale des compétences essentielles et les systèmes d’immigration, ne s’adaptent pas assez rapidement aux changements sur le marché du travail. Malgré les mises à jour de 2022 et 2023, les employeurs signalent que la liste omet toujours plusieurs catégories de compétences essentielles et nécessite des examens plus fréquents basés sur les données.

Recrutement mondial et frictions politiques

L’enquête de 2025 révèle que 84 % des employeurs considèrent le recrutement international comme essentiel, mais que 77 % d’entre eux sont confrontés à des obstacles liés aux visas. Les retards dans la politique d’immigration, tels que les retards dans les ambassades et les goulots d’étranglement en matière d’enregistrement professionnel, entravent l’attraction des talents mondiaux. Même si le programme Trusted Employers (TES) du ministère de l’Intérieur a facilité un traitement plus rapide des visas pour 80 % de ses participants, son impact global est limité par sa portée limitée.

L’Afrique du Sud est confrontée à un défi paradoxal : une grave pénurie de compétences malgré des taux de chômage élevés (32,1 % au total et 34,2 % de jeunes). Cette contradiction crée un préjudice opérationnel important pour les entreprises, puisque 89 % des employeurs signalent des impacts négatifs dus à des postes critiques non pourvus, selon Xpatweb. Ces conséquences vont de la baisse de productivité et des retards dans les projets d’infrastructure à la perte d’opportunités de croissance.

Une prescription intransigeante et fondée sur des données probantes

Pour combler efficacement cet écart, l’Afrique du Sud doit aborder son écosystème de compétences comme un tout cohérent et interconnecté, couvrant l’éducation, l’industrie et l’immigration, plutôt que comme une série de défis disparates. Quatre priorités clés émergent de cette perspective.

Donner la priorité à l’amélioration de l’éducation de base en améliorant la qualité des enseignants, en mettant à jour les programmes pour se concentrer sur la résolution de problèmes et en mettant en œuvre des outils de diagnostic précoce pour combler de manière proactive les lacunes d’apprentissage.

Ensuite, développer l’apprentissage professionnel et intégré au travail. Cela nécessite que les employeurs collaborent avec les universités et les écoles d’EFTP pour concevoir des programmes, et que le gouvernement fournisse des incitations pour encourager les entreprises à embaucher des étudiants.

Troisièmement, tirer parti de la migration de manière stratégique en élargissant et en numérisant les systèmes de visa, en rationalisant les accréditations professionnelles et en intégrant les données sur la migration dans la planification économique. Les initiatives réussies telles que TES devraient être adoptées comme politique générale.

Enfin, établir des partenariats spécifiques pour la reconversion des adultes dans des domaines clés tels que l’ingénierie, les TIC, la santé et l’artisanat. Ces programmes devraient fournir des résultats plus rapides que s’ils s’appuyaient uniquement sur les nouveaux diplômés entrant sur le marché du travail.

La voie à suivre d’urgence

La croissance, la compétitivité et l’innovation de l’Afrique du Sud sont limitées par des postes vacants. Le pays possède un immense potentiel humain, mais le transformer en capacité productive nécessite une approche cohérente intégrant l’éducation, les entreprises et la politique de l’État.

L’Afrique du Sud est confrontée à une crise systémique et non à une pénurie de population. Pour tirer parti de sa force démographique au profit de gains économiques, le pays doit remédier à ces systèmes défaillants, de l’éducation à l’immigration.

Écrit par :

*Dr. Enquête Iqbal

Ancien président du Conseil des affaires des BRICS et coprésident du Forum des médias des BRICS et du BRNN

*Sesona Mdlokovana

Associé chez BRICS+ Consulting Group

Spécialiste de l’Afrique

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