ANTANANARIVO – Une tentative de coup d’État est en cours sur l’île de Madagascar, dans l’océan Indien, a déclaré dimanche le président du pays, un jour après que des membres d’une unité d’élite de l’armée se sont joints à des manifestations antigouvernementales menées par des jeunes et ont appelé à la démission du président.
Madagascar est secouée depuis trois semaines par les pires troubles que le pays ait connu depuis des années. Les manifestations sont dirigées par un groupe se faisant appeler « Gen Z Madagascar ». Selon les Nations Unies, au moins 22 personnes sont mortes et des dizaines ont été blessées lors des manifestations. Le gouvernement a contesté ce chiffre.
Un communiqué du cabinet du président Andry Rajoelina a indiqué dimanche vouloir informer “la nation et la communauté internationale qu’une tentative de prise de pouvoir illégale et violente” a “été initiée”.
“Compte tenu de l’extrême gravité de cette situation, le président de la République (…) condamne fermement cette tentative de déstabilisation et appelle toutes les forces de la nation à s’unir pour défendre l’ordre constitutionnel et la souveraineté nationale”, a indiqué le bureau de Rajoelina.
Le communiqué ne précise pas qui tentait de renverser le gouvernement, mais des membres de l’unité militaire d’élite CAPSAT se sont joints samedi aux manifestations menées par des jeunes contre Rajoelina, exigeant la démission du président et d’autres responsables gouvernementaux.
Samedi, à bord d’un véhicule blindé, le colonel Michael Randrianirina, de l’unité CAPSAT, s’était adressé à la foule de manifestants en disant : “Est-ce qu’on appelle cela un coup d’État ? Je ne sais pas encore.”
Les manifestations de samedi ont été parmi les plus importantes depuis le début des troubles.
Madagascar, une grande île de 31 millions d’habitants au large de la côte est de l’Afrique, a vu plusieurs dirigeants destitués lors de coups d’État depuis son indépendance de la France en 1960. Rajoelina lui-même est arrivé au pouvoir pour la première fois en tant que chef d’un gouvernement intérimaire après un coup d’État soutenu par l’armée en 2009.
Le soulèvement de l’unité CAPSAT a joué un rôle crucial dans le coup d’État de 2009 qui a porté Rajoelina au pouvoir. Il a été élu président en 2018 et réélu en 2023, un vote boycotté par les partis d’opposition.
Les manifestations menées par des jeunes contre les défaillances des services et les allégations de corruption et de copinage au sein du gouvernement ont éclaté pour la première fois le 25 septembre. Les manifestations ont commencé à cause de pannes d’électricité et d’eau, mais ont évolué vers un mécontentement plus large à l’égard du gouvernement et des dirigeants de Rajoelina.
Les manifestants ont soulevé toute une série de problèmes, notamment la pauvreté et le coût de la vie, l’accès à l’enseignement supérieur, ainsi que des allégations de corruption et de détournement de fonds publics par des représentants du gouvernement, leurs familles et leurs employés.
Des groupes de citoyens et des syndicats se sont joints aux manifestations, qui ont conduit à l’imposition de couvre-feux nocturnes dans la capitale, Antananarivo, et dans d’autres grandes villes.
Rajoelina avait tenté d’apaiser les manifestants en limogeant l’ensemble de son gouvernement, y compris le Premier ministre, le 29 septembre. Mais il a nommé un général militaire comme nouveau Premier ministre, et les manifestants ont refusé de bouger.
Les manifestants de la génération Z qui ont inspiré le soulèvement ont leur propre site Web, leur page Facebook et d’autres réseaux sociaux, ainsi qu’une page GoFundMe pour collecter des fonds. Ils se sont mobilisés en ligne et affirment avoir été inspirés par d’autres manifestations qui ont renversé les gouvernements du Népal et du Sri Lanka.
___
Imray a rapporté du Cap, en Afrique du Sud.
___
AP Afrique News : https://apnews.com/hub/africa
Droit d’auteur 2025 La Presse Associée. Tous droits réservés. Ce matériel ne peut être publié, diffusé, réécrit ou redistribué sans autorisation.



















